La voix passive : une théologie ?
Dans le Nouveau Testament,
comment l’emploi de la voix passive, dans des passages significatifs,
peut-il être interprété ?
« que ton nom soit sanctifié »
ἀγιασθήτω τὸ ὄνομα σου
qu’il soit sanctifié (voix passive de ἀγιάζω) par qui ?
Par l’assemblée des hommes qui reconnaissent activement le nom de Dieu comme saint ?
« C’est toi qui l’as dit » Jésus parle ainsi, quand on l’interroge sur son identité :
ce n’est pas lui qui impose son nom,
c’est à l’homme de le découvrir.
L’homme est l’agent, l’acteur.
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Les évangiles proposent, comme le dit Eric Emmanuel Schmidt (Encyclopédie Jésus, p. 527)
un texte « participatif ».
καὶ υἱὸς Ὑψίστου κληθήσεται,
Et il sera appelé « Fils du très haut »
Lc 1,32
Par qui ?
par Dieu lui-même ? par l’entourage de Jésus qui le verra vivre ?
(C’est ici l’annonce à Marie de la naissance de Jésus)
par les hommes ? par tout homme qui le recevra dans sa vie ?
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De même le verbe « voir » est employé au passif dans les scènes d’apparitions,
insistant sur la part active du témoin (ce que la traduction ne rend pas toujours)
ὥφθη « fut vu » et non pas « il apparut » comme c’est souvent traduit.
La Pentecôte :
Καὶ ὤφθησαν αὐτοῖς διαμεριζόμεναι γλῶσσαι ὡσεὶ πυρός,
Ac 2,3
Et des langues séparées comme de feu furent vues par eux = leur apparurent.
Après la résurrection :
ἐφανερώθη il fut manifesté = il apparut
Mc 16,12 et s.
ἐθεάθη il fut vut (traduit aussi par « apparut »)
Mc 16,11 et s.
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Ainsi la voix passive peut-elle être une théologie :
comment reconnaître Jésus fils de Dieu et son action ?
Par soi-même, par le témoignage de celui qui voit,
les textes parlent de l’action du voyant et non de l’action de celui qui est vu.