Proclamer, κηρύσσω (kèrussô) la Bonne Nouvelle (τὸ εὐαγγέλιον) (to euangelion)
Proclamer, κηρύσσω (kèrussô) la Bonne Nouvelle (τὸ εὐαγγέλιον) (to euangelion)
Paul dans sa première lettre aux Corinthien écrit l’essentiel de la foi,
ce qu’on a appelé par la suite : le Kérygme, de τὸ κήρυγμα, ατος (kérugma), la proclamation.
la première proclamation de la Bonne Nouvelle τὸ εὐαγγέλιον, (to euangelion).
A savoir que le Christ est mort et est ressuscité d’entre les morts.
voir 1Cor 15,1-5
Ceux qui avaient connu Jésus comprirent après la Résurrection
que Dieu, par l’envoi de Jésus-Christ avait manifesté son amour salvateur.
Au deuxième tiers du premier siècle, commence ainsi la prédication.
La résurrection avait donné un sens aux actes et aux paroles de Jésus :
cette première annonce a été appelée le kérygme.
(de τὸ κήρυγμα ατος : proclamation à haute voix) .
Ils proclamèrent les actes et paroles de Jésus en leur donnant un sens.
Ces prédicateurs sont appelés « apostoliques » ,
c’est à dire qu’ils se considéraient comme envoyés
(de ἀποστέλλω, apostellô, envoyer)
par Jésus ressuscité pour appeler les hommes à la foi.
La période de 65 à 100, environ, est celle de la mise par écrit de cette annonce.
« proclamer » et « envoyer » sont ainsi des mots
qui entrent dans le vocabulaire des évangiles.
I. κηρύσσω (kèrussô), prêcher, proclamer.
1. Dans la langue classique :
κηρύσσω : annoncer par la voix d’un crieur public, un héraut
(une victoire, une condamnation…)
origine indo-européenne de la racine du mot :
se retrouve en sanscrit,
« avec un k qui peut être expressif » (*CHANTRAINE)
*cf bibliographie
ὁ κῆρυξ, κος toute personne qui annonce à voix haute
(ex. chez Sophocle…) héraut .
τὸ κήρυγμα ατος : proclamation à haute voix
a donné « kérygme » : désigne l’annonce des premiers apôtres aux non-chrétiens,
le terme désigne en théologie le contenu essentiel de la foi en Jésus Christ :
son noyau, l’annonce de la Bonne Nouvelle, la Résurrection.
2. Dans le Nouveau Testament :
κηρύσσω est traduit en latin par le verbe praedicare
praedicare evangelium (Mc16,15) dans la *Vulgate.
(*traduction de Saint Jérôme , au IV è siècle)
Prêcher en français : s’emploie essentiellement pour
« prêcher la parole de Dieu, annoncer l’ Evangile.
Dans le dictionnaire Grec /Français, on trouve aussi :
κηρύσσω = proclamer.
Proclamer vient du latin proclamare
Proclamer :
« clamer devant » , » pro : devant, sur le devant »
suppose un public et une affirmation forte.
3. κηρύσσω dans les évangiles (sens et contexte) :
Jean-Baptiste, Jésus, Pierre, Paul : proclament la Bonne Nouvelle et
cette proclamation est toujours suivie d’un appel à la conversion.
Cette proclamation n’est pas théorique,
mais appel à un engagement de toute la personne :
Mc 1, 14 (cf 21/01/18)
L’annonce montre l’accomplissement des prophéties :
Dans le Premier Testament, ce sont les Prophètes
qui proclament la venue du Sauveur :
d’où l’expression ici :
Πεπλήρωται ὁ καιρός,
Le temps est accompli.
-
II. la Bonne Nouvelle (τὸ εὐαγγέλιον) (to euangelion)
1. La Bonne Nouvelle (τὸ εὐαγγέλιον) comporte l’annonce
de la mort et de la Résurrection du Christ.
C’est une annonce post pascale qui nous permet aussi
de comprendre comment les évangiles ont été écrits
la Bonne Nouvelle est présentée dès l’ouverture de l’évangile de Marc :
Mc 1,1
Ἀρχὴ τοῦ εὐαγγελίου Ἰησοῦ Χριστοῦ [υἱοῦ θεοῦ].
Commencement de l’Evangile de Jésus Christ
Mc 1,15
πιστεύετε ἐν τῷ εὐαγγελίῳ.
Croyez à la Bonne Nouvelle
-
Cela montre que les évangélistes partent de cette Bonne Nouvelle
de la Résurrection
pour faire un retour sur tout ce qui s’est passé auparavant.
L’annonce n’a de sens que si elle part de cette Bonne Nouvelle après Pâques,
(voir Jésus qui fait taire Pierre lorsqu’il dit : » tu es le Christ » ,
avant sa mort et sa résurrection)
et cela explique la volonté de garder le secret que l’on constate
dans les paroles de Jésus chez Marc.
Marc dans son premier verset annonce ce qui est central,
son point de départ.
-
A la fin de l’évangile de Marc, nous lisons:
(une partie qui a été ajoutée à l’évangile probablement au IIè siècle,
l’évangile de Marc s’achevant à l’origine à 16,8,
avec la découverte du tombeau ouvert par les femmes,
Cette partie finale reprend les différentes apparitions
proclamées dans les évangiles de Luc et Jean)*
Καὶ εἶπεν αὐτοῖς, Πορευθέντες εἰς τὸν κόσμον ἅπαντα,
κηρύξατε τὸ εὐαγγέλιον πάσῃ τῇ κτίσει.
« Et il leur dit
allez dans le monde entier
annoncez la Bonne Nouvelle à toute la création. »
(Mc 16, 15-18)
-
la Bonne nouvelle est celle de la mort et de la Résurrection du Christ
annoncée dès le départ par Marc*, elle se retrouve à la fin :
elle est destinée à être proclamée au monde entier,
sous l’action de l’Esprit Saint.
Cette partie ajoutée rappelle la première annonce du début (Mc 1,14-20)
et la raison pour laquelle cet évangile a été écrit ;
en clôturant par ce rappel,
l’évangéliste montre qu’il a fait une relecture des évènements passés
et non un récit chronologique.
Les disciples sont envoyés dans le monde entier :
Comparez à Luc 10, 1-9 :
Cet envoi dans Luc se situe avant la mort-Résurrection,
la phrase à retenir est :
Lc 10,9
Ἤγγικεν ἐφ’ ὑμᾶς ἡ βασιλεία τοῦ θεοῦ.
le Royaume de Dieu est proche (est tout proche :
cf. l’emploi du parfait en grec)
temps qui exprime le résultat présent d’une action passée.
Notez que dans le passage de Luc on a le verbe « dire » et non « annoncer ».
L’envoi est différent.
Mais le message « est tout proche » permet à tout lecteur d’actualiser la Parole.
le verbe Ἤγγικεν est employé souvent et à différents temps
de même que l’adverbe ἐγγυς , proche : le moment, le royaume…
sont de plus en plus proches au fil du texte.
-
N.B. :
Le terme « évangile » en tant que genre littéraire n’apparaît qu’au IIè siècle.
NOTES :
* L’évangile de Marc est le plus ancien des 4 évangiles,
il est aussi le plus court.
* on sait peu de choses sur Marc,
probablement Jean-Marc dont il est question dans quelques passages.
Il devait faire partie de l’entourage de Pierre à Rome,
vers 60.
*Péricope :
Dans l’exégèse des textes, une péricope désigne
un extrait formant une unité cohérente.
-
BAILLY, dictionnaire Grec/Français.
R.E.BROWN Que sait-on du Nouveau Testament ? (Bayard)
CHANTRAINE Dictionnaire étymologique de la langue grecque (Kliincksieck)
J. DELORME Cahier EVANGILE, Lecture de l’Evangile selon saint Marc, (ed du Cerf)
DUFOUR (dir)Vocabulaire de Théologie biblique
(articles : prêcher, et évangile)
J-P. PREVOST, (dir.) Nouveau Vocabulaire biblique
article : évangile
A. REY, Dictionnaire historique de la langue française, (le Robert)